S’il est un motif qui reste dans la mémoire du spectateur après avoir assisté à cette décapante adaptation du Martyre de Saint Sébastien, c’est assurément celui du tatouage. En mémoire du passage de Sébastien et de la révélation qu’il apporte, sur cinq corps, cinq peaux différentes, on peut lire en effet cette phrase: «Seigneur, je suis une âme dans ton sein».
Fidèle à l’esprit des Mystères médiévaux, Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeuil retravaillent le code de l’Adresse au spectateur.
Mais la relecture proposée est résolument ancrée dans une esthétique actuelle, s’inspirant du film Théorème de Pasolini: Dans une famille bourgeoise, chacun cède ainsi aux séductions mystico-érotiques d’un trouble inconnu nommé... Sébastien.
Le spectacle superpose plusieurs niveaux de narration: action scénique, orchestre et choeurs, textes et vidéos.
Le martyre de Saint-Sébastien
Claude Debussy
La symphonie fantastique & Lélio
Hector Berlioz
Conçu par Berlioz comme un dialogue entre deux oeuvres devant être jouées immédiatement à la suite l’une de l’autre, le diptyque Episode de la Vie d’un Artiste rassemble La Symphonie Fantastique et Lélio, ou le Retour à la Vie.
Berlioz y met en musique, et en paroles, les amours malheureuses d’un jeune artiste qui, abandonné par la femme qu’il aime, plonge dans la drogue et ses visions infernales (Symphonie Fantastique) avant de comprendre que seule la création artistique pourra le sauver de son désespoir (Lélio, ou le Retour à la Vie).
Faisant dialoguer orchestre symphonique, choeurs, acteur, danseuses et projections numériques, le spectacle réinterprète ce diptyque à la lumière du film Vertigo d’Alfred Hitchcock.
Le spectateur y suit ainsi les égarements d’un jeune poète, manipulé par une élégante et mystérieuse jeune femme blonde. Sur la scène comme sur les écrans vidéo, la jeune femme réapparaît constamment, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre. Au fil des séquences musicales, elle incarne les différentes illustrations de l’Idée Fixe chère au compositeur.