profession (de foi) ma micher (hervezon)
Voici quelques mots inspirés par le terrain et l'expérience, qui me viennent s'il me faut parler de l'idée que je me fais de mon métier de directeur de la photographie.

Je pense pouvoir affirmer que je suis un chef-opérateur polyvalent (comme beaucoup d'autres, je crois que c'est générationnel). Les projets se succèdent, naviguant entre documentaire, fiction, corporate,... Cependant, s'il faut retenir un domaine que j'ai exploré plus que les autres c'est sans doute celui du documentaire, mon cv ne trompe pas. Formé à l'école Louis Lumière j'ai été d'emblée orienté vers une approche très "cinématographique", et de fait j'ai gardé depuis une forte appétance pour la fiction, et notamment le travail de la lumière. Je me plais à penser que je peux apporter au documentaire une "pâte" née de cette affection pour la fiction et sa "boîte à outils". Par ailleurs l'évolution du matériel ces dernières années à considérablement accru la porosité entre ces deux mondes.

En premier lieu, j'aime bien façonner l'image d'un projet de A à Z, y mettre sans doute un peu de moi, tout en servant le propos d'un autre. Même si je ne méconnais pas les contraintes d'organisation qui amènent à la constitution d'une équipe, je trouve toujours frustrant de me faire remplacer ou de remplacer pour une séquence, pour quelques heures ou quelques jours. Mais quoi qu'il arrive, j'ai besoin de sentir qu'il y a un sens à ce que je fais, trouver aux images que je capte ou que je fabrique une place à priori dans l'édifice virtuel qu'est un film en construction. La prise de vues impersonnelle, purement informative, coûte que coûte, parce qu'il faut bien garder une trace ne m'intéresse pas.

En documentaire, même dans les situations en prise avec un réel chaotique, je suis volontiers enclin à trouver dans la construction de l'image la petite touche qui l'habillera d'un point de vue, d'une esthétique. Parmi les cas de figure les plus classiques : ré-éclairer radicalement le lieu d'une interview pour y insuffler une atmosphère qui n'éxiste pas de prime abord.

Spontannément j'ai une petite préférence pour le travail au pied, qui oblige à se positionner clairement par rapport à une réalité donnée, qui demande d'anticiper et donc de comprendre, et qui permet d'affirmer des cadres c'est à dire une certaine vision du monde. Mais j'aime aussi ponctuellement l'exercice de la caméra à l'épaule quand il est choisi en pleine connaissance de cause, quand il devient "chorégraphie" pour capter le mouvement ou l'émotion, l'imprévisible, le fugitif. J'ai horreur de l'épaule comme solution paresseuse ou inspirée par des modes. Par ailleurs je considère le défi de la réactivité comme majeur. J'essaye autant que possible d'allier l'esthétisme à la rapidité, c'est à dire aussi à la spontanéité. A chaque situation son arbitrage.

Côté technique j'ai touché au 35mm, au Super-16mm quand ces formats avaient encore cours. Depuis la généralisation du numérique j'utilise tour à tour la plupart des outils mis à disposition chez les prestataires techniques. Je les choisis en fonction des projets car je pense qu'il n'y a pas de caméra idéale en tout, mais simplement des caméras mieux adaptées à tel ou tel exercice.
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Voilà. Pour moi, chaque tournage est une petite aventure. Humaine, technique, esthétique. Avec ses plaisirs, ses satisfactions, ses risques, ses coups durs... Au carrefour des passions.